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La vertèbre ailée de Pierre Buisseret

Salvator Dali, dans son livre Les cocus du vieil art moderne, écrit : 

“ le moins que l’on puisse demander à une sculpture, c’est qu’elle ne bouge pas ”.

 

Pourtant, le sculpteur travaille la forme pour produire une image de la vie. Et la vie
est aussi le mouvement. Le mouvement raconte la vie. Dédale l’architecte, l’artiste
ingénieux et astucieux, rompt avec le hiératisme et “ disjoint les jambes ”, ainsi que le fait dire Platon à Socrate dans Ménon, pour créer l’illusion du mouvement en
reproduisant une forme humaine.

 

Le spectateur anticipe. Pierre Buisseret fabrique des vertèbres avec des côtés
astucieusement travaillés pour suggérer des ailes. Cela est neuf et produit un effet
qui surprend et intéresse le visiteur le plus blasé. Chacun associe et accompagne
cette promesse d’envol selon sa nature. Pour ma part, je vois à côté de l’artiste,
le constructeur inventif auquel pense Rabelais à propos de la fontaine fantastique
de son Cinquième livre (XLII).

 

Pierre Buisseret vivifie une tradition qui illustre le thème du vol et de l’aile qui inspire toutes les modalités du savoir et de l’art. Cette tradition manifeste le désir d’aller plus loin. Qui s’efforce d’être l’artiste de son destin reconnaît la légitimité de ce désir.

 

Pierre Buisseret, tu produis du sens au lieu d’en reproduire parce que tu montres l’étrangeté des choses familières. Tu produis un éclairage qui nourrit la lumière.

Daniel Béresniak,2006

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